CHEYENNE AUTUMN (LES CHEYENNES) (1964) - Alex North - Intrada Special Collection
Pour ce western testamentaire de John Ford (avant-dernier film du cinéaste), Alex North applique le traitement précédemment appliqué à CLEOPATRE (1956) et SPARTACUS (1960), à savoir, une écriture notamment basée sur des pupitres de cuivres et de bois élargie ainsi que sur une imposante section percussive. Contrairement à ses deux aînés, l'aspect mélodique est réduit au strict minimum, l'emphase étant mise sur les ambiances dramatiques, voire oppressantes et dissonnantes. La partition n'en est pas autant minimaliste, bien au contraire puisque l'orchestre à disposition du compositeur s'avère conséquent. Mais c'est en limitant ses développements thématiques qu'Alex North évite les clichés de la musique de western tout en conférant au métrage une musique imposante.
Intelligente et complexe dans son écriture, la musique s'autorise un développement jovial à mi-parcours lors de la séquence se déroulant à Dodge City. North y introduit ses arrangements d'airs traditionnels américains, seule concession à un John Ford que l'on savait très friand de ce genre de musique et, à contrario, assez rétif à l'inclusion de compositions originales.
Intrada propose l'édition la plus exhaustive à ce jour de cette oeuvre dense et maîtrisée de bout en bout et l'on ne peut qu'apprécier la lecture du livret accompagnant l'album double cd. C'est justement sur ce point le reproche que l'on pourra faire : en effet, la partie "musique du film" représente un peu plus de 79 minutes, moins 5 minutes si l'on ôte les 3 plages diégétiques d'airs traditionnels arrangés pour banjo et piano bastringue qui ne font que parasiter l'écoute hors contexte filmique. En tombant à 74 minutes, un seul cd aurait donc pu suffire. Mais Intrada a fait le choix d'inclure tout le travail d'Alex North, à savoir les 3 morceaux précités plus, en fin de programme, plus de 30 minutes de percussions indiennes et d'airs traditionnels supplémentaires. Tous ceci ne constitue qu'un remplissage parfaitement inutile, ayant pour seul effet de gonfler le prix de vente de l'album.
Cela dit, terminons sur une note positive en indiquant que CHEYENNE AUTUMN n'a jamais aussi bien sonner que dans cette édition bénéficiant de conditions sonores de qualité pour une musique de cette époque. Tout amateur de la musique d'Alex North y trouvera largement son compte.